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PRÉDOMINANCE DE L’INFLUENCE FRANÇAISE

prince d’Orange, était aussi français de langage que de mœurs. C’est en français qu’il faisait élever ses fils et en français encore qu’il rédigea les instructions de leurs précepteurs[1]. Toute la vie intellectuelle semblait liée à cette langue. Le Conseil académique de l’université de Gand priait le gouvernement de lui en permettre l’emploi afin de retenir les étudiants[2]. La France fournissait leurs troupes à tous les théâtres et leur assortiment à tous les libraires. Une librairie allemande qui, sur le désir du roi, s’ouvrit à Bruxelles, n’eut aucun succès. Les étudiants, leurs études achevées, couraient les compléter à Paris : aucun ne songeait à se diriger vers la Hollande. Le prestige français ne s’imposait pas moins aux artistes. David, durant son exil à Bruxelles, les avait vus se presser autour de lui : Navez est tout pénétré de son influence. À Liège, l’école de musique, fondée en 1826, est confiée à la direction de Daussoigne-Méhul. Roelandt, le seul architecte de talent que possède le royaume, s’est formé à Paris.




  1. C. Terlinden, Un programme d’éducation princière il y a un siècle. Bullet. de la Comm. Roy. d’Hist., t. LXXXV [1923], p. 150 et suiv.
  2. Archives du Conseil Académique de l’Université de Gand, 1818.