avec laquelle elles se laissaient déposséder attestait qu’elles considéraient la séparation comme irrévocable.
L’armée elle-même commençait à se dissoudre. Dès le 5 septembre, un manifeste était répandu parmi les troupes engageant les soldats belges à ne pas imiter « la poignée de misérables qui à Paris s’est couverte d’infamie en tirant sur les citoyens »[1], et tout de suite des bandes de déserteurs se mettaient à quitter les drapeaux. On apprenait que Louvain venait de chasser sa garnison (2 septembre). De jour en jour, l’aspect de Bruxelles devenait plus menaçant. Charles Rogier y entrait le 7 septembre à la tête de volontaires liégeois, ouvriers pour la plupart, bien armés, pleins d’élan et d’ardeur révolutionnaire[2]. De Paris arrivaient pêle-mêle avec des Belges accourant au secours de leurs compatriotes, des jacobins, des vagabonds, des aventuriers, des agents politiques, pêcheurs en eau trouble, entrepreneurs d’émeutes et maîtres ès-barricades. Déjà des bandes indisciplinées sortaient des portes et échangeaient des coups de feu avec les avant-postes hollandais. Et à ces provocations, le prince Frédéric, toujours campé à Vilvorde, ne répondait que par la promesse de disloquer incessamment ses troupes.
Le manifeste du roi convoquant les États-Généraux pour le 13 septembre vint à souhait pour porter l’agitation à son comble. C’était provoquer l’opinion que de lui parler, en un tel moment, de la Loi fondamentale et des traités et de lui annoncer que les États allaient examiner « s’il y avait lieu à modifier les institutions nationales ». C’était faire le jeu des « agitateurs » que d’engager les « bons citoyens » à se séparer d’eux. En vain d’Hoogvorst s’efforçait-il de calmer l’effervescence et de conserver « cette dignité qui convient à notre belle position »[3] ; en vain promettait-il au peuple la récompense prochaine « de son beau dévouement », les têtes se montaient de plus en plus. Déjà, sans attendre d’ordres, on