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LA COMMISSION ADMINISTRATIVE

Son adjudant, le baron de Felner, Pletinckx, Jolly et quelques anciens officiers étaient comme lui demeurés au poste, ne sachant que faire, ni s’ils avaient le droit de faire quelque chose. Ce droit pourtant, il fallait le prendre. Pour transformer l’insurrection en révolution, il était indispensable que des chefs décidés à en accepter la responsabilité et s’autorisant par cela même à parler en son nom, se missent à sa tête. Nul moyen de trouver ces chefs s’ils ne s’imposaient pas eux-mêmes. Au milieu du combat, ils devaient s’emparer du pouvoir comme on s’empare d’un fusil sur une barricade. Rogier le comprit sans doute et sa volonté l’emporta. D’Hoogvorst et Jolly consentirent à former avec lui une « Commission administrative » dont les attributions, n’étant pas définies, étaient aussi vagues et aussi étendues que la tâche qu’elle assumait. Cette tâche, c’était, tout en continuant la lutte, de donner un centre de ralliement à la Belgique soulevée. Pour sauver les apparences, les Commissaires firent afficher qu’ils avaient « accepté » provisoirement le pouvoir en attendant de le remettre « à des mains plus dignes ». On ne se demanda pas qui le leur avait offert. Mais personne ne douta de leur affirmation de n’avoir agi que « dans l’intérêt de la cause nationale, dont le succès dès hier est assuré ». Et avec une confiance magnifique dans ce succès, ils décrétaient le même jour que les braves tués en combattant seraient enterrés à la place Saint-Michel et qu’un monument « transmettrait à la postérité le nom de ces héros et la reconnaissance de la patrie ».

La Commission administrative est le germe du « Gouvernement provisoire » qui fut institué le 25 septembre. Il ne diffère d’elle que par le nombre plus grand de ses membres et par le nom plus significatif que les circonstances lui imposaient. Félix de Mérode, Gendebien et van de Weyer, que Rogier avait devancés dans la capitale, s’adjoignirent dès leur retour aux trois Commissaires. Le Gouvernement provisoire apparaît donc comme un simple élargissement de la Commission. Il ramène aussi au pouvoir les hommes que l’émeute du 22 septembre en avait dépossédés. En venant partager les périls des combattants, ils ont conquis leur confiance. L’exaltation patriotique