tion publique et détourner (de lui) une solidarité qui plane sur tous les membres de la maison de Nassau », il devait donner aux troupes l’ordre de se replier au delà du Moerdijk[1].
Après une réponse aussi outrageante, il ne restait au prince qu’à s’en aller. S’il n’en fit rien, c’est qu’il n’ignorait pas qu’un petit groupe de Belges songeaient à terminer la crise en lui offrant la couronne. Le gouvernement de Louis-Philippe était favorable à cette solution qui eût empêché la reconstitution des Pays-Bas[2]. Le prince s’efforça d’y rallier son père. Il lui conseilla même de renoncer formellement à ses droits sur la Belgique et de lui permettre d’en assumer la souveraineté, lui promettant de tout faire pour n’être proclamé que prince souverain ou vice-roi. Il lui écrivait le 11 octobre que « l’essentiel est de s’emparer du pouvoir, n’importe comment. L’ayant une fois repris, c’est comme si vous l’aviez, car nos intérêts sont les mêmes et je n’oublierai jamais que je suis l’héritier de la couronne des Pays-Bas, quoique je puisse être obligé de faire des actes qui auront l’air de ne pas m’en souvenir[3] ». En attendant, pour donner le change sur ses intentions, il affectait de ne s’entourer que de conseillers belges, se promenait dans les rues d’Anvers accompagné de chefs de la garde civique, affichait pour son frère, logé avec lui au palais royal, une froideur voisine de la haine, remettait en liberté Ducpétiaux, Everaert et Plétinx. Bref, sa conduite était si choquante que les officiers hollandais l’accusaient publiquement de trahison et que plusieurs d’entre eux lui refusaient le salut. Il se prêtait en même temps à de louches intrigues et écoutait les propositions de van Halen, que son ambition déçue avait brouillé avec le Gouvernement provisoire[4]. On ne peut douter de l’intervention de ses agents dans une émeute qui éclata à Bruges et dans les troubles du Borinage où, au milieu