d’autant plus dangereuse que des émissaires orangistes ne laissaient pas de l’exploiter à leur profit.
Pourtant la confiance dans l’avenir restait entière. Le succès de la Révolution consolait du reste. Tout en s’occupant de parer aux nécessités les plus urgentes, le Gouvernement provisoire préparait avec ardeur le statut définitif de la Belgique. Le jour même (4 octobre) où il proclamait l’indépendance du pays, il annonçait que son « Comité central s’occupera au plus tôt d’un projet de constitution et qu’un Congrès national sera immédiatement convoqué ». Fidèle à sa promesse, il créait, deux jours plus tard, une commission chargée d’élaborer cette constitution et, le 10, convoquait le corps électoral à nommer les membres du Congrès.
Sans en attendre d’ailleurs la réunion, il réalisait à l’avance, par une série d’arrêtés, les grandes réformes libérales que réclamait depuis 1829 l’union des partis : liberté complète de l’enseignement (12 octobre), droit d’association illimité (16 octobre), liberté absolue de la presse et de l’exercice de tous les cultes (16 octobre), abolition de la censure des théâtres (21 octobre), suppression de la haute police (22 octobre), publicité obligatoire des budgets et des comptes des administrations publiques (26 octobre) ainsi que des instructions et des débats judiciaires (7 octobre), abolition de la bastonnade pour les soldats (7 octobre). Il était impossible de répondre plus complètement au sens profond de la Révolution. La Belgique était comblée de ces libertés qu’elle avait été contrainte de conquérir par les armes. Un mois après les journées de septembre, elle les possédait toutes. Le Gouvernement provisoire en avait fait la récompense de la victoire. Il en avait jonché, si l’on peut ainsi dire, la route qu’allait parcourir le Congrès national. Il était certain qu’elle le conduirait à la constitution la plus libérale de toute l’Europe.