CHAPITRE II
FLEURUS
I
La coalition que William Pitt venait de grouper contre la Révolution devait faire de la Belgique une place d’armes. Tandis que la Prusse envahirait la France par le Rhin, les forces de l’Angleterre, de l’Autriche et de la Hollande l’attaqueraient, en effet, par les Pays-Bas. L’Autrichien Mack, qui passait alors pour un génie militaire, avait dressé le plan des opérations. Le succès paraissait d’autant plus assuré que l’insurrection de la Vendée, celle des départements du Midi, puis celle de Toulon (mars-août 1793) plaçaient les révolutionnaires en face du double péril de la guerre étrangère et de la guerre civile. On croyait d’ailleurs leurs armées désorganisées par l’expulsion des officiers nobles et la dissolution des anciens régiments. Personne ne pouvait s’imaginer la puissance de l’exaltation patriotique sur un peuple appelé à défendre lui-même sa liberté. On jugeait la Révolution avec des idées d’ancien régime. Les mesures formidables auxquelles elle demandait son salut : la Terreur, la levée en masse, la loi des suspects, ne semblaient être que les convulsions d’une folie furieuse, les forfaits sanguinaires d’une horde de déments et d’assassins[1].
- ↑ Voy. là-dessus les observations très intelligentes de de Pradt, De la Belgique depuis 1789 jusqu’en 1794, p. 96 et suiv. (Paris, 1820).