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FLEURUS

Ce programme vise, on le voit, à exprimer toute la substance du pays sous la pression de l’occupation militaire et de la dictature des représentants. Ce n’est pas à l’exploitation de la nation qu’il doit aboutir, mais à son épuisement. Il coupe l’arbre pour en avoir le fruit et l’imprévoyance dont il fait preuve dans sa cruauté ne s’explique sans doute que par l’indécision où l’on se trouvait encore au moment de sa promulgation, sur le sort de la Belgique. Les opérations militaires n’étaient pas achevées. Quel en serait le résultat ? Le 20 juillet, Carnot avait écrit aux représentants de la part du Comité de Salut public qu’il n’était question de conserver des Pays-Bas « que ce qui peut assurer notre propre frontière… de manière qu’Anvers et Namur soient nos deux points d’appui »[1]. Aucun motif n’existait donc d’épargner un territoire destiné au rôle de confins militaires. Il fallait se hâter d’en pomper les ressources au profit des armées et du trésor de la République.

Mais pour le tenir sous le joug et le rançonner, le personnel manquait. Demander aux Belges de collaborer à la ruine et à l’annexion de leur patrie, il n’y fallait pas songer. Les bourgeois vonckistes qui, après Jemappes, avaient offert leur concours à Dumouriez, se renfermaient maintenant, pleins de rancœur, dans l’amertume de leurs désillusions. À leur place ne s’offrait plus qu’un petit groupe de sans-culottes rentrés au pays à la suite des armées ou qui, durant la restauration

    ment français dans les pays réunis à la République par la loi du 9 vendémiaire an IV et des lois de la République française dont la publication a été par eux ordonnée dans lesdits pays à commencer de l’époque de la réunion de ces pays à la République française, imprimés et traduits par ordre de l’Administration du département de l’Escaut. Dans mes notes, le mot Arrêtés non suivi d’une indication de volume se rapporte à la première série ; quand cette indication existe, c’est qu’il est question de la deuxième série. On se référera encore pour les décrets et arrêtés divers publiés en Belgique avant la période où les lois françaises y devinrent obligatoires, aux Recueils de Hayez et de Huyghe, publiés à Bruxelles depuis l’an IV. Quant aux lois, on les trouvera dans la Pasinomie de J.-B. Duvergier, complétée pour la Belgique par J Plaisant, dont la publication a commencé à Bruxelles en 1833. En règle générale, je m’abstiendrai de renvoyer le lecteur à ces recueils, la date des textes suffisant pour les y retrouver facilement.

  1. Aulard, Recueil, t. XV, p. 317.