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Page:Pirenne – Histoire de Belgique – Tome 7.djvu/91

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le voir, à dissoudre les Chambres et à se séparer de son ministère. C’est elle encore qui lui fit supporter le mécontentement de l’Angleterre, en prenant à son service des instructeurs français, et braver le courroux de l’Autriche et du tsar, en appelant des officiers polonais sous les drapeaux[1]. Durant quatre ans, de 1832 à 1836, il laissa le général Évain, en dépit de son impopularité, épurer les régiments corrompus par l’orangisme et les doter d’un personnel et d’un matériel nouveaux. Lui-même, pour rehausser le prestige de cette armée qui fut vraiment son œuvre, prit alors l’habitude qu’il légua à ses successeurs, de ne se montrer en public que sous l’uniforme de lieutenant-général. Dès 1833, l’effectif des troupes sous les armes atteignait 80,000 hommes. L’arrangement conclu cette année avec la Hollande, permit de le réduire à 45,000. Mais 130,000 hommes étaient mobilisables, et, malgré les grogneries de l’opinion, le budget de la guerre resta fixé à une somme totale d’environ 45 millions.

Les grandes lois organiques prévues par la constitution avaient été laissées par le Congrès à la décision des Chambres. Tâche redoutable, puisque le fonctionnement de la vie administrative du pays devait en dépendre, mais relativement aisée toutefois, puisque les principes en étaient fixés d’avance. Ici d’ailleurs, le besoin d’innover ne se faisait pas impérieusement sentir. L’organisation du royaume des Pays-Bas, calquée qu’elle était sur l’organisation de l’empire napoléonien, avait assuré les services publics à la satisfaction générale. Il suffirait de l’approprier à l’esprit de la constitution.

Le système des impôts, tel qu’il existait en 1830, ne subit, et ne devait subir durant très longtemps que des retouches insignifiantes. Quant à l’organisation judiciaire, la loi du 4 août 1832, tout en laissant subsister dans ses traits essentiels la composition et la hiérarchie des cours et des tribunaux, établit inébranlablement l’inamovibilité des magistrats et fit une place très large au jury dans la juridiction criminelle, afin

  1. F. De Lannoy, Une rupture germano-belge au XIXe siècle. L’affaire Skrzynecki (Revue Générale, fév. 1920).