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Page:Pirenne - De la méthode comparative en histoire, 1923.djvu/6

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des sciences historiques, ceux-ci ont accepté avec joie une si belle mission.

Ils l’on acceptée avec joie, mais aussi avec reconnaissance. Car ils savaient bien que la proposition qui leur était faite, s’expliquait surtout par cette sympathie dont leur pays, après la guerre, a reçu tant de preuves. Et laissez-moi tout d’abord, Messieurs, vous en remercier en leur nom avec la plus profonde gratitude.

Vous ne trouverez pas ici la somptuosité qui a marqué les derniers congrès. Ni l’époque où nous vivons ne le permet, ni surtout la situation dans laquelle se trouve encore la Belgique — sans parler de celle de son change. Mais ce que vous trouverez, ce sera l’accueil le plus amical et aussi, soyez-en sûrs, l’état d’esprit que tous, j’en suis certain, vous souhaitez de trouver.

Pour se montrer dignes de la confiance que l’on a placée en eux, les historiens belges se sont efforcés de renouer la tradition glorieuse dont ils se trouvaient momentanément les dépositaires. Ils ont voulu que ce Congrès d’après-guerre fût, autant qu’il était possible, le pendant de ses prédécesseurs de Paris, de Rome, de Berlin et de Londres. Dans toute la force du terme, ils l’ont voulu international ; ils y ont invité, sans d’ailleurs en exclure personne, tous les États admis dans la Société des Nations. La pensée qui a présidé à leur organisation a été cette pensée d’impartialité scientifique dont je parlais tout à l’heure. Ils n’ont rien négligé pour que l’air que vous respirerez ici, ce soit l’air des hauteurs, le seul qui convienne à la science.

Vous ne trouverez point ici, disais-je, l’esprit d’après-guerre, mais vous vous attendez peut-être à ce que, en ouvrant cette assemblée, il apparaisse utile de jeter un coup d’œil sur certaines conséquences, sur certaines leçons peut-être, que les historiens peuvent tirer de la guerre. Semblable préoccupation paraîtrait superflue, sans doute, si l’un des caractères précisément de notre science n’était l’élargissement continuel de son objet dans la durée. À mesure que le temps s’écoule, son domaine augmente. Il était hier moins étendu qu’il ne l’est aujourd’hui, et tout nou-