le même spectacle. Les bateaux ne naviguent que réunis en flottilles, comme les marchands ne parcourent le pays que par bandes. La sécurité n’existe pour eux que si elle est garantie par la force, et la force est la conséquence du groupement.
Ce serait une erreur complète que de voir dans les associations marchandes dont on peut relever les traces dès le xe siècle, un phénomène spécialement germanique. Il est vrai que les termes dont on s’est servi pour les désigner dans le Nord de l’Europe, gildes et hanses, sont originaires de l’Allemagne. Mais le fait du groupement se rencontre partout dans la vie économique et quelles que soient les différences de détail qu’il présente suivant les régions, dans ce qu’il a d’essentiel, il est partout le même, parce que partout existaient de même les conditions qui le rendirent indispensable. En Italie comme dans les Pays-Bas, le commerce n’a pu se répandre que par l’entraide. Les « frairies », les « charités », les « compagnies » marchandes des pays de langue romane sont exactement l’analogue des gildes et des hanses des régions germaniques[1]. Ce qui a dominé l’organisation économique ce ne sont point les « génies nationaux », ce sont les nécessités sociales. Les institutions primitives du commerce ont été aussi cosmopolites que celles de la féodalité.
Les sources nous permettent de nous faire une idée exacte des troupes marchandes qui, à partir du xe siècle, se rencontrent de plus en plus nom-
- ↑ On rencontre même une organisation semblable en Dalmatie. Voy. C. Jirecek, Die Bedeutung von Raguza in der Handelsgeschichte des Mittelalters (Almanak der Akad. der Wissenschaften in Wien, 1899, p. 382).