Page:Pirenne - Les Villes du Moyen Âge, 1927.djvu/110

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

breuses dans l’Europe occidentale[1]. Il faut se les représenter comme des bandes armées, dont les membres pourvus d’arcs et d’épées encadrent des chevaux et des chariots chargés de sacs, de ballots et de tonneaux. En tête de la caravane marche un porte-fanion. Un chef, le Hansgraf ou le Doyen, exerce son autorité sur la compagnie. Celle-ci se compose de « frères » liés les uns aux autres par un serment de fidélité. Un esprit de solidarité étroite anime tout le groupe. Les marchandises sont, selon toute apparence, achetées et vendues en commun et les bénéfices répartis au pro-rata de l’apport de chacun dans l’association.

Il semble bien que ces compagnies aient, en règle générale, accompli des voyages fort lointains. On se tromperait du tout au tout en se représentant le commerce de cette époque comme un commerce local, étroitement borné à l’orbite d’un marché régional. Nous avons déjà constaté que des négociants italiens s’avancent jusqu’à Paris et jusqu’en Flandre. À la fin du xe siècle, le port de Londres est régulièrement fréquenté par les marchands de Cologne, de Huy, de Dinant, de Flandre et de Rouen. Un texte nous parle de Verdunois trafiquant avec l’Espagne[2]. Dans la vallée de la Seine, la Hanse parisienne des marchands de l’eau est en rapports constants avec Rouen. Le biographe de Godric, en nous racontant ses expéditions dans la Baltique et dans la Mer du Nord, nous apprend en même temps celles de ses compagnons.

  1. W. Stein, Hansa (Hansische Geschichtsblätter, t. XV [1909], p. 539) ; H. Pirenne, La Hanse flamande de Londres (Bulletin de l’Académie Royale de Belgique. Classe des Lettres, 1899, p. 80).
  2. Pigeonneau, Histoire du commerce de la France, t. I, p. 104.