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sive de la société qui devait aboutir finalement au byzantisme. Et cette orientalisation dont la Méditerranée est le véhicule, est une preuve évidente de l’importance croissante de la mer à mesure que l’Empire vieillissant s’affaiblit, recule au Nord sous la pression des barbares et se resserre de plus en plus sur les rivages.

On ne peut donc s’étonner de voir les Germains, dès le début de la période des invasions, s’efforcer d’atteindre ces mêmes rivages pour s’y établir. Lorsque, dans le courant du iiie siècle, les frontières cèdent pour la première fois sous leur poussée, ils se portent d’un même élan vers le Sud. Les Quades et les Marcomans envahissent l’Italie, les Goths marchent sur le Bosphore, les Francs, les Suèves, les Vandales qui ont franchi le Rhin, loin de s’y attarder, se dirigent aussitôt vers l’Aquitaine et vers l’Espagne. Ils ne songent pas à se fixer dans les provinces septentrionales qui les avoisinent. Manifestement ils convoitent ces régions bénies où la douceur de l’air et la fécondité de la nature s’allient à la richesse et aux charmes de la civilisation.

Cette première tentative des barbares n’eut de durable que les ruines qu’elle causa. Rome conservait assez de vigueur pour repousser les envahisseurs au delà du Rhin et du Danube. Pendant un siècle et demi encore elle parvint à les contenir en y épuisant ses armées et ses finances. Mais l’équilibre des forces devenait de plus en plus inégal entre les Germains, dont la pression se faisait plus puissante à mesure que l’augmentation de leur nombre les poussait plus impérieusement à se répandre au dehors, et l’Empire, auquel sa population décroissante permettait de moins en moins une résis-