Page:Pirenne - Les Villes du Moyen Âge, 1927.djvu/12

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tance dont on ne peut s’empêcher d’ailleurs d’admirer l’habileté et la constance. Au commencement du ve siècle, c’en est fait. L’Occident tout entier est envahi. Ses provinces se transforment en royaumes germaniques. Les Vandales s’installent en Afrique, les Wisigoths en Aquitaine et en Espagne, les Burgondes dans la vallée du Rhône, les Ostrogoths en Italie.

Cette nomenclature est significative. Elle ne comprend, on le voit, que des pays méditerranéens et il n’en faut pas davantage pour montrer que l’objectif des vainqueurs, libres enfin de s’établir à leur gré, c’était la mer, cette mer que durant si longtemps les Romains avaient appelée avec autant d’affection que d’orgueil « mare nostrum ». C’est vers elle que sans exception tous ils se dirigent, impatients de s’établir sur ses bords et de jouir de sa beauté. Si les Francs, au début, ne l’ont pas atteinte, c’est que, venus trop tard, ils ont trouvé la place occupée. Mais, eux aussi, s’obstinent à sa possession. Déjà Clovis a voulu conquérir la Provence et il a fallu que Théodoric intervînt pour l’empêcher d’étendre les frontières de son royaume jusqu’à la Côte d’Azur. Ce premier insuccès ne devait pas décourager ses successeurs. Un quart de siècle plus tard, en 536, ils profiteront de l’offensive de Justinien contre les Ostrogoths pour se faire céder par ceux-ci la région convoitée, et il est frappant de remarquer combien inlassablement la dynastie mérovingienne tend depuis lors à devenir à son tour une puissance méditerranéenne. En 542, Childebert et Clothaire risquent une expédition, d’ailleurs malheureuse, au delà des Pyrénées. L’Italie surtout attire la convoitise des rois francs. Ils s’allient aux