Page:Pirenne - Les Villes du Moyen Âge, 1927.djvu/124

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fluence que l’on s’est plu parfois à leur accorder[1].

On peut en dire autant des foires (fora), et pourtant les foires, à la différence des marchés, ont été instituées pour servir de rendez-vous périodiques aux marchands professionnels, pour les mettre en contact les uns avec les autres, et les faire confluer vers elles à époques fixes. En fait, l’importance de beaucoup d’entre elles a été très grande. En Flandre celles de Thourout et de Messines, en France celles de Bar-sur-Aube et de Lagny figurent parmi les centres principaux du commerce médiéval jusque vers la fin du xiiie siècle. Il peut donc apparaître étrange à première vue qu’aucune de ces localités ne soit devenue une ville digne de ce nom. C’est que le mouvement d’affaires qui s’y faisait manquait de ce caractère permanent qui est indispensable à la fixation du négoce. Les marchands se dirigeaient vers elles parce qu’elles étaient situées sur la grande voie du transit courant de la Mer du Nord à la Lombardie, et parce que les princes territoriaux les avaient dotées de franchises et de privilèges. Elles étaient des points de rassemblement et des lieux d’échange où se rencontraient vendeurs et acheteurs venus du Nord ou du Midi ; puis, après quelques semaines, leur clientèle exotique se dispersait pour ne revenir que l’année suivante.

Il est arrivé, sans doute, et il est même arrivé bien souvent, qu’une foire ait été fixée à l’endroit

  1. H. Pirenne, Villes, marchés et marchands au Moyen Âge (Revue historique, t. LXVII [1898], p. 59) ; F. Keutgen, Untersuchungen über den Ursprung der deutschen Stadtverfassung (Leipzig, 1895) ; S. Rietschel, Markt und Stadt in ihrem rechtlichen Verhältniss (Leipzig, 1897).