Page:Pirenne - Les Villes du Moyen Âge, 1927.djvu/126

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

fleuves est déterminé par le relief des montagnes et la direction des vallées[1].

À mesure que s’accentua, depuis le xe siècle, la renaissance commerciale de l’Europe, les colonies marchandes installées dans les cités ou au pied des bourgs s’agrandirent d’un mouvement ininterrompu. Leur population s’accrut en fonction de la vitalité économique. Jusqu’à la fin du xiiie siècle, le mouvement ascensionnel dont elle témoigne dès l’origine se continuera de façon ininterrompue n’était impossible qu’il en fût autrement. Chacun des nœuds du transit international participait naturellement à l’activité de celui-ci, et la multiplication des marchands avait forcément pour conséquence l’accroissement de leur nombre en tous les endroits où d’abord ils s’étaient fixés. Car ces endroits étaient justement les plus favorables à la vie commerciale. S’ils avaient plus tôt que d’autres attiré les marchands, c’est parce que mieux que d’autres ils répondaient à leurs besoins professionnels. Ainsi s’explique de la manière la plus satisfaisante qu’en règle générale, les plus grandes villes commerciales d’une région en soient aussi les plus anciennes.

Nous ne possédons sur les primitives agglomérations marchandes que des renseignements dont l’insuffisance est bien loin de satisfaire notre curiosité. L’historiographie du xe et du xie siècle s’est désintéressée complètement des phénomènes sociaux et économiques. Exclusivement rédigée par des clercs ou par des moines, elle mesurait natu-

  1. Le milieu géographique seul ne suffit pas. Sur les exagérations auxquelles il a donné lieu, voir L. Fèvre, La terre et l’évolution humaine, p. 411 et suiv. (Paris, 1922).