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plus et particulièrement significative que l’origine de la population urbaine doit être cherchée non point parmi la population des forteresses primitives, mais dans la population immigrée que le commerce fit affluer autour d’elles et qui, dès le xie siècle, commença à absorber les anciens habitants.

L’appellation de bourgeois n’a pas tout d’abord été d’usage universel. À côté d’elle, on a continué encore à employer celle de cives conformément à la tradition antique. On relève aussi, en Angleterre et en Flandre, les mots poortmanni et poorters, qui sont tombés en désuétude vers la fin du Moyen Âge, mais qui, l’un et l’autre, confirment de la façon la plus heureuse l’identité que nous avons constatée par ailleurs entre le portus et le nouveau bourg. À vrai dire, l’un et l’autre ne sont qu’une seule et même chose, et la synonymie que la langue établit entre le poortmannus et le burgensis suffirait à l’attester si nous n’en avions déjà fourni assez de preuves.

Sous quel aspect convient-il de se représenter la bourgeoisie primitive des agglomérations commerciales ? Il est évident qu’elle ne se composait pas exclusivement de marchands au long cours tels que nous avons cherché à les décrire au chapitre précédent. Elle devait comprendre à côté d’eux un nombre plus ou moins considérable de gens employés au débarquement et au transport des marchandises, au gréement et à l’équipement des bateaux, à la confection des voitures, des tonneaux, des caisses, en un mot de tous les accessoires indispensables à la pratique des affaires. Celle-ci attirait nécessairement vers la ville naissante les gens des alentours en quête d’une pro-