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sur leurs champs ou sur leurs « cultures ». Le régime patriarcal et domanial auquel l’Église était accoutumée se trouva trop brusquement aux prises avec des revendications et des nécessités inattendues pour qu’il n’en résultât pas tout d’abord une période de malaise et d’insécurité.

D’autre part, cependant, les compensations ne manquaient pas. Les cens dus par les lots de terrain cédés aux bourgeois formaient une source de revenus de plus en plus abondante. L’augmentation de la population entraînait une augmentation correspondante du casuel alimenté par les baptêmes, les mariages et les décès. Le produit des offrandes allait croissant sans cesse. Les marchands et les artisans se groupaient en confréries pieuses affiliées à une église ou à un monastère moyennant des redevances annuelles. La fondation de nouvelles paroisses, à mesure que montait le chiffre des habitants, multipliait le nombre et les ressources du clergé séculier. Quant aux abbayes, ce n’est plus qu’à titre tout à fait exceptionnel qu’on en voit encore s’établir dans les villes à partir du xie siècle. Elles n’eussent pu s’accoutumer à leur vie trop bruyante et trop affairée et, au surplus, il eût été impossible désormais d’y trouver la place nécessaire à une grande maison religieuse avec les services accessoires qu’elle requérait. L’ordre de Cîteaux qui se répandit si largement par l’Europe au cours du xiie siècle, n’essaima que dans la campagne.

C’est seulement au siècle suivant que les moines reprendront, mais dans des conditions toutes différentes, le chemin des villes. Les ordres mendiants, Franciscains et Dominicains, qui viendront