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CHAPITRE VII

LES INSTITUTIONS URBAINES

C’est un milieu singulièrement compliqué, on le voit, un milieu extrêmement abondant en contrastes et fertile en problèmes de toutes sortes que nous présentent les villes naissantes. Entre les deux populations qui s’y juxtaposent sans se confondre, se révèle l’opposition de deux mondes distincts. L’ancienne organisation domaniale avec toutes les traditions, toutes les idées, tous les sentiments, qui, sans doute, ne sont pas nés d’elle, mais à qui elle communique leur nuance particulière se trouve aux prises avec des besoins et des aspirations qui la surprennent, qui la heurtent, auxquels elle n’est point adaptée et contre lesquels tout d’abord, elle se raidit.

Si elle cède du terrain, c’est malgré elle et parce que la situation nouvelle est due à des causes trop profondes et trop irrésistibles pour qu’il lui soit possible de n’en point subir les effets. Sans doute, les autorités sociales n’ont pu apprécier, tout d’abord, la portée des transformations qui s’opéraient autour d’elles. Méconnaissant leur force elles ont commencé par y résister. C’est plus tard seulement, et souvent trop tard, qu’elles se sont résignées à l’inévitable. Comme il arrive toujours le changement ne s’est opéré qu’à la longue. Et il serait injuste d’attribuer comme on l’a fait maintes fois, à la « tyrannie féodale » ou à « l’arrogance sacerdotale » une résistance qui s’explique par les