Page:Pirenne - Les Villes du Moyen Âge, 1927.djvu/161

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appui, chaque fois qu’elle l’a pu sans se compromettre, à ces bourgeoisies qui, en se soulevant contre leurs seigneurs, combattaient en somme au profit des prérogatives royales. Prendre le roi comme arbitre de leur querelle c’était pour les partis en conflit reconnaître sa souveraineté. L’entrée des bourgeoisies sur la scène politique eut ainsi pour conséquence d’affaiblir le principe contractuel de l’État féodal à l’avantage du principe autoritaire de l’État monarchique. Il était impossible que la royauté ne s’en rendît point compte et ne saisît point toutes les occasions de montrer sa bienveillance aux communes qui, sans le vouloir, travaillaient si utilement pour elle.

Si l’on désigne spécialement sous le nom de communes les villes épiscopales du Nord de la France où les institutions municipales ont été le résultat de l’insurrection, il importe de n’exagérer ni leur importance ni leur originalité. Il n’y a pas lieu d’établir une différence essentielle entre les villes à communes et les autres villes. Elles ne se distinguent les unes des autres que par des caractères accessoires. Au fond, leur nature est la même, et toutes en réalité sont également des communes. Dans toutes, en effet, les bourgeois forment un corps, une universitas, une communitas, une communio, dont tous les membres, solidaires les uns des autres, constituent les parties inséparables. Quelle que soit l’origine de son affranchissement, la ville du Moyen Âge ne consiste pas en une simple collection d’individus. Elle est elle-même un individu, mais un individu collectif, une personne juridique. Tout ce que l’on peut revendiquer en faveur des communes stricto sensu, c’est une net-