teté particulière des institutions, une séparation clairement établie entre les droits de l’évêque et ceux des bourgeois, une préoccupation évidente de sauvegarder la condition de ceux-ci par une puissante organisation corporative. Mais tout cela dérive des circonstances qui ont présidé à la naissance de ces communes. Elles ont conservé les traces de leur constitution insurrectionnelle, sans que l’on puisse pour cela leur assigner une place privilégiée dans l’ensemble des villes. On peut même observer que certaines d’entre elles ont joui de prérogatives moins étendues, d’une juridiction et d’une autonomie moins complètes que des localités dans lesquelles la commune n’a été que le point d’arrivée d’une évolution pacifique. C’est une erreur évidente que de leur réserver comme on le fait parfois, le nom de « seigneuries collectives ». On verra plus loin que toutes les villes complètement développées ont été de telles seigneuries.
La violence est donc bien loin d’être indispensable à la formation des institutions urbaines. Dans la plupart des villes soumises au pouvoir d’un prince laïque, leur croissance s’est accomplie en somme sans qu’il fût besoin de recourir à la force. Et il ne faut point attribuer cette situation à la bienveillance particulière que les princes laïques auraient éprouvée pour la liberté politique. Mais les motifs qui poussaient les évêques à résister aux bourgeois n’avaient point prise sur les grands féodaux. Ils ne professaient aucune hostilité à l’égard du commerce ; ils en éprouvaient, au contraire, les effets bienfaisants à mesure qu’il augmentait la circulation dans leurs terres, augmentant par cela même les revenus de leurs péages et l’activité de leurs ateliers monétaires, obligés de