Page:Pirenne - Les Villes du Moyen Âge, 1927.djvu/163

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fournir à une demande croissante de numéraire. Ne possédant point de capitale et parcourant sans cesse leurs domaines, ils n’habitaient dans leurs villes que de loin en loin et n’avaient donc aucune raison d’en disputer l’administration aux bourgeois. Il est très caractéristique de constater que Paris, la seule ville qui avant la fin du xiie siècle puisse être considérée comme une véritable capitale d’État, ne parvint pas à obtenir une constitution municipale autonome. Mais l’intérêt qui poussait le roi de France à conserver la haute main sur sa résidence habituelle était complètement étranger aux ducs et aux comtes, aussi errants que le roi était sédentaire. Enfin ils ne pouvaient voir avec déplaisir la bourgeoisie s’en prendre au pouvoir des châtelains devenus héréditaires et dont la puissance les inquiétait. Ils avaient en somme les mêmes motifs que le roi de France de se montrer favorables aux villes puisqu’elles amoindrissaient la situation de leurs vassaux. On ne voit point d’ailleurs qu’ils leur aient apporté systématiquement leur appui. Ils se bornèrent en général à les laisser faire et leur attitude fut presque toujours celle d’une neutralité bienveillante.

Aucune région ne se prête mieux que la Flandre à l’étude des origines municipales dans un milieu purement laïque. Dans ce grand comté, largement étendu des rives de la mer du Nord et des îles de Zélande jusqu’aux frontières de la Normandie, les cités épiscopales ne présentent pas un développement plus rapide que celui des autres villes. Térouanne, dont le diocèse comprenait le bassin de l’Yser, fut même et demeura toujours une bourgade à demi rurale. Si Arras et Tournai, qui étendaient leur juri-