Page:Pirenne - Les Villes du Moyen Âge, 1927.djvu/164

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diction spirituelle sur le reste du territoire, devinrent de grandes villes, c’est pourtant Gand, Bruges, Ypres, Saint-Omer, Lille et Douai où s’agglomèrent, dans le courant du xe siècle, d’actives colonies marchandes, qui nous fournissent le moyen d’observer, avec une clarté particulière, la naissance des institutions urbaines. Elles s’y prêtent d’autant mieux que toutes s’étant formées de la même manière et présentant le même type, on peut, sans crainte de se tromper, combiner les renseignements dont chacune nous fournit une partie, en un tableau d’ensemble[1].

Toutes ces villes offrent d’abord ce caractère de s’être formées autour d’un bourg central, qui en est, pour ainsi dire, le noyau. Au pied de ce bourg se masse un portus ou nouveau bourg, peuplé de marchands auxquels s’adjoignent des artisans libres ou serfs et où, dès le xie siècle, l’industrie drapière vient se concentrer. Sur le bourg comme sur le portus s’étend l’autorité du châtelain. Des parcelles plus ou moins considérables du sol occupé par la population immigrante appartiennent à des abbayes, d’autres relèvent du comte de Flandre ou de seigneurs fonciers. Un tribunal d’échevins siège dans le bourg sous la présidence du châtelain. Ce tribunal ne possède d’ailleurs aucune compétence propre à la ville. Sa juridiction s’étend sur toute la châtellenie dont le bourg est le centre, et les échevins qui le composent résident dans cette même châtellenie et ne viennent dans le bourg qu’aux jours de plaids. Pour la juridiction ecclésiastique de laquelle relèvent quan-

  1. H. Pirenne, Les villes flamandes avant le xiie siècle (Revue de l’Est et du Nord, t. I [1905], p. 9) ; Anciennes démocraties des Pays-Bas, p. 82 ; Histoire de Belgique, t. I (4e édit.), p. 171.