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Page:Pirenne - Les Villes du Moyen Âge, 1927.djvu/169

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parmi les bourgeois, pourraient leur rendre une justice adéquate à leurs désirs, conforme à leurs aspirations, une justice enfin qui fut leur justice. Il est impossible de dire au juste quand s’accomplit ce fait essentiel. La plus ancienne mention que l’on possède en Flandre d’un échevinage urbain, c’est à dire d’un échevinage propre à une ville, remonte à l’année 1111 et est relative, à Arras. Mais il est permis de croire que des échevinages de cette espèce devaient exister déjà à la même époque dans des localités plus importantes telles que Gand, Bruges ou Ypres. Quoiqu’il en soit d’ailleurs, le commencement du xiie siècle a vu se constituer dans toutes les villes flamandes cette nouveauté essentielle. Les troubles qui suivirent l’assassinat du comte Charles le Bon, en 1127, permirent aux bourgeoisies de réaliser entièrement leur programme politique. Les prétendants au comté, Guillaume de Normandie puis Thierry d’Alsace, cédèrent, pour les rallier à leur cause, aux demandes qu’elles leur adressèrent.

La charte octroyée à Saint-Omer en 1127 peut être considérée comme le point d’aboutissement du programme politique des bourgeoisies flamandes[1]. Elle reconnaît la ville comme un territoire juridique distinct, pourvu d’un droit spécial commun à tous les habitants, d’un échevinage particulier et d’une pleine autonomie communale. D’autres chartes ratifièrent, dans le courant du xiie siècle, des franchises analogues à toutes les villes principales du comté. Leur situation fut désormais garantie et sanctionnée par des titres écrits.

  1. A. Giry, Histoire de la ville de Saint-Omer, p. 371.