Page:Pirenne - Les Villes du Moyen Âge, 1927.djvu/175

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et mesures, dans celle des marchés comme dans le contrôle de l’industrie.

Si le tonlieu s’est transformé en passant au pouvoir de la ville, il en est autrement d’autres droits seigneuriaux qui, incompatibles avec le libre fonctionnement de la vie urbaine, étaient irrémédiablement condamnés à disparaître. Je veux parler ici de ces traces que l’âge agricole a laissées sur la physionomie de la ville : fours et moulins banaux auxquels le seigneur obligeait les habitants à moudre leur blé et à cuire leur pain ; monopoles de toutes espèces en vertu de quoi il jouissait du privilège de vendre, sans concurrence, à certaines époques, le vin de ses vignobles ou la viande de ses bestiaux ; droit de gîte qui imposait aux bourgeois le devoir de lui fournir le logement et la subsistance lors de ses séjours dans la ville ; droit de réquisition par lequel il affectait à son service les bateaux ou les chevaux des habitants ; droit de ban, imposant à ceux-ci le devoir de le suivre à la guerre ; coutumes de toutes sortes et de toute origine réputées oppressives et vexatoires parce que désormais devenues inutiles, comme celle qui interdit l’établissement de ponts sur les cours d’eau ou celle qui astreint les habitants à subvenir à l’entretien des chevaliers composant la garnison du vieux-bourg. De tout cela, dès la fin du xiie siècle, il ne reste plus guère que le souvenir. Les seigneurs, après avoir essayé de la résistance, ont fini par céder. Ils ont compris à la longue que leur intérêt bien entendu leur commandait non d’entraver le développement des villes, pour se conserver quelques maigres revenus, mais de le favoriser en supprimant devant lui les obstacles. Ils arrivent à se rendre compte de