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en républiques municipales. On ne peut guère douter que, si elles en avaient eu la force, elles ne fussent devenues partout des États dans l’État. Mais elles ne parvinrent à réaliser cet idéal que là où le pouvoir de l’État fut impuissant à contrebalancer leurs efforts.

Il en fut ainsi dès le xiie siècle en Italie, et plus tard, après la décadence définitive de l’autorité impériale, en Allemagne. Partout ailleurs elles ne parvinrent pas à secouer l’autorité des princes, soit, comme en Angleterre et en France, que la royauté fût trop puissante pour devoir capituler devant elles, soit, comme dans les Pays-Bas, que leur particularisme les empêchât de combiner leurs efforts pour conquérir une indépendance qui les eût mises sans retard aux prises les unes avec les autres. Elles restèrent donc en règle générale, soumises au gouvernement territorial. Mais celui-ci ne les traita pas en simples sujettes. Il avait trop besoin d’elles pour ne pas tenir compte de leurs intérêts. Ses finances reposaient sur elles en grande partie, et à mesure qu’augmentaient les attributions de l’État et partant ses dépenses, il éprouvait de plus en plus fréquemment la nécessité de recourir à la bourse des bourgeois. Nous avons déjà vu qu’au xiie siècle il leur emprunte de l’argent. Et cet argent, les villes ne le cèdent pas sans garanties. Elles savent bien qu’elles courent grand risque de n’être jamais remboursées, et elles exigent de nouvelles franchises en retour des sommes qu’elles consentent à prêter. Le droit féodal ne permettait au suzerain d’imposer à ses hommes que des redevances bien déterminées et restreintes à quelques cas toujours les mêmes. Il lui était donc