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Page:Pirenne - Les Villes du Moyen Âge, 1927.djvu/203

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xiiie siècle, comme par exemple les admirables halles d’Ypres anéanties pendant la grande guerre, restent encore fidèles au style architectural des édifices religieux.

Pourtant, à regarder de plus près, on ne tarde pas à découvrir que la vie urbaine n’a pas laissé de contribuer pour sa part à enrichir le capital moral du Moyen Âge. Sans doute la culture intellectuelle y a été dominée par des considérations pratiques qui, avant la période de la Renaissance, l’ont empêchée de prendre un large essor. Mais elle présente tout d’abord ce caractère d’être une culture exclusivement laïque. Dès le milieu du xiie siècle, les Conseils municipaux se sont préoccupés de fonder pour les enfants de la bourgeoisie des écoles qui sont les premières écoles laïques de l’Europe depuis la fin de l’Antiquité. Par elles, l’enseignement cesse de départir exclusivement ses bienfaits aux novices des monastères et aux futurs prêtres des paroisses. La connaissance de la lecture et de l’écriture étant indispensables à la pratique du commerce, n’est plus réservée aux seuls membres du clergé. Le bourgeois s’y est initié bien avant le noble, parce que ce qui n’était pour le noble qu’un luxe intellectuel était pour lui une nécessité journalière. L’Église ne manqua pas de revendiquer aussitôt sur les écoles municipales une surveillance qui provoqua de nombreux conflits entre elle et les autorités urbaines. La question religieuse est naturellement étrangère à ces débats. Ils n’eurent d’autre cause que le désir des villes de conserver la haute main sur les écoles créées par elles et dont elles entendaient conserver la direction.