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Quentovic avec ceux de Lombardie, d’Espagne et de Provence et les fait participer ainsi au commerce de la Méditerranée[1]. Mais c’est évidemment dans le sud du pays que le rayonnement de celle-ci était le plus sensible. Toutes les villes les plus considérables de la Gaule mérovingienne se trouvent encore, comme au temps de l’Empire Romain, au sud de la Loire. Les détails que Grégoire de Tours nous donne sur Clermont-Ferrand et sur Orléans montrent qu’elles renfermaient de véritables colonies de Juifs et de Syriens, et s’il en était ainsi de ces « cités » dont rien ne permet de croire qu’elles jouissaient d’une situation privilégiée, il devait en être de même de centres bien plus importants tels que Bordeaux et Lyon. On sait d’ailleurs que Lyon possédait encore à l’époque carolingienne une population juive fort nombreuse[2].

En voilà sans doute assez pour conclure que les temps mérovingiens ont connu, grâce à la persistance de la navigation méditerranéenne et par l’intermédiaire de Marseille, ce que l’on peut véritablement appeler un grand commerce. Ce serait certainement une erreur que de prétendre restreindre le négoce des marchands orientaux de la Gaule, aux seuls objets de luxe. Sans doute, la vente des orfèvreries, des émaux et des étoffes de soie devait

  1. Le diplôme de Dagobert ratifiant en 629 les droits de S. Denys sur cette foire (MG. Dipl. I, 140) est généralement considéré comme suspect. On ne donne pourtant aucune preuve valable contre son authenticité. Quand bien même d’ailleurs il ne sortirait pas de la chancellerie de Dagobert, il est incontestablement antérieur à l’époque carolingienne et aucune raison n’existe de révoquer en doute les détails qu’il nous fournit sur la fréquentation de la foire.
  2. Voy. les lettres d’Agobard dans Monumenta Germaniae Historica. Epistolae, t. V, p. 184 et suiv.