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d’Italie, chez les Vandales d’Afrique, chez les Wisigoths d’Espagne. L’édit de Théodoric renferme quantité de stipulations relatives aux marchands. Carthage reste un port important en relations avec l’Espagne et dont les bateaux remontaient même, semble-t-il, jusqu’à Bordeaux. La loi des Wisigoths mentionne des négociants d’Outre-Mer[1].

De tout cela ressort avec force la continuité du mouvement commercial de l’Empire Romain après les invasions germaniques. Elles n’ont pas mis fin à l’unité économique de l’Antiquité. Par la Méditerranée et par les rapports qu’elle entretient entre l’Occident et l’Orient, cette unité se conserve au contraire avec une netteté remarquable. La grande mer intérieure de l’Europe n’appartient plus comme jadis au même État. Mais rien ne permet encore de prévoir qu’elle cessera bientôt d’exercer autour d’elle son attraction séculaire. En dépit des transformations qu’il présente, le monde nouveau n’a pas perdu le caractère méditerranéen du monde antique. Aux bords de la Méditerranée se concentre et s’alimente encore le meilleur de son activité. Aucun indice n’annonce la fin de la communauté de civilisation établie par l’Empire Romain. Au début du viie siècle, celui qui aurait jeté un coup d’œil sur l’avenir n’y aurait découvert nulle raison de ne pas croire à la persistance de la tradition.

Or, ce qui était alors naturel et rationnel de prévoir ne s’est pas réalisé. L’ordre du monde qui avait survécu aux invasions germaniques n’a pu

  1. A. Dopsch, Wirtschaftliche und Soziale Grundlagen der Europäischen Kulturenentwickelung, t. II, p. 432 ; F. Dahn, Über Handel und Handelsrecht der Westgothen. Bausteine, II, 301 (Berlin, 1880).