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du grand nombre des textes qui nous ont été conservés de cette époque, on remarque qu’elles sont, en réalité, singulièrement rares. Les capitulaires, dont les stipulations touchent à tous les côtés de la vie sociale, sont d’une indigence frappante relativement au commerce. On en doit conclure que celui-ci n’a joué qu’un rôle tellement secondaire qu’il est négligeable.

C’est seulement dans le Nord de la Gaule que, durant la première moitié du ixe siècle, il témoigne encore d’une certaine activité. Les ports de Quentovic (localité disparue près d’Étaples, département du Pas-de-Calais) et de Duurstede (sur le Rhin, au Sud-Ouest d’Utrecht) qui, dans la monarchie mérovingienne trafiquaient avec l’Angleterre et le Danemark, demeurent jusqu’à leur destruction par les Normands (834-844)[1] les centres d’une navigation assez étendue. On peut supposer que c’est grâce à eux que la batellerie des Frisons sur le Rhin, sur l’Escaut et sur la Meuse a présenté une importance que l’on ne rencontre nulle part ailleurs pendant le règne de Charlemagne et de ses successeurs. Les étoffes tissées par les paysans de la Flandre, et que les textes du temps désignent sous le nom de manteaux frisons (pallia fresonica), fournissaient à cette batellerie, avec les vins de l’Allemagne rhénane, la matière d’une exportation qui semble avoir été assez régulière[2]. On sait, au surplus, que les deniers frappés à Duurstede ont eu un cours

  1. Quentovic fut détruit par les incursions de 842 et de 844, Duurstede, ravagé en 834, 835. Vogel, op. cit., p. 88, 66. Cf. J. De Vries, De Wikingen in de lage landen bij de zee (Harlem, 1923).
  2. H. Pirenne, Draps de Frise ou draps de Flandre ? (Vierteljahrschrift für Sozial und Wirtschaftsgeschichte, t. VII [1909], p. 308).