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très étendu. Ils ont servi de prototypes aux plus anciennes monnaies de la Suède et de la Pologne[1], preuve évidente qu’ils pénétrèrent de bonne heure, sans doute par l’intermédiaire des Normands, jusque dans la Mer Baltique. On peut encore signaler comme ayant fait l’objet d’un commerce de quelque étendue, le sel de Noirmoutiers, où sont signalés des vaisseaux irlandais[2]. Le sel de Salzbourg, de son côté, était transporté par le Danube et ses affluents vers l’intérieur de l’Empire[3]. La vente des esclaves, malgré les prohibitions dont elle fut l’objet de la part des souverains, était pratiquée le long des frontières orientales, où les prisonniers de guerre faits sur les Slaves païens, trouvaient de nombreux acheteurs, qui les transportaient vers Byzance ou au-delà des Pyrénées.

À côté des Frisons, dont le commerce fut anéanti par les invasions normandes, on ne trouve plus d’autres marchands que les Juifs. Ils étaient encore nombreux, et l’on en trouve dans toutes les parties de la Francia. Ceux du Sud de la Gaule étaient en rapports avec leurs coreligionnaires de l’Espagne musulmane, auxquels on les accuse de vendre des enfants chrétiens[4]. C’est de l’Espagne, ou peut-être aussi de Venise, que ces Juifs recevaient les épices et les étoffes précieuses dont ils faisaient le négoce[5]. Au reste, l’obligation à laquelle ils

  1. M. Prou, Catalogue des monnaies carolingiennes de la Bibliothèque Nationale, p. 10.
  2. W. Vogel, Die Normannen und das Fränkische Reich, p. 62.
  3. Capitularia regum Francorum, éd. Boretius, t. II, p. 250.
  4. Voy. la lettre d’Agobard, citée p. 21 n. 2. Pour l’ensemble des textes, cf. Aronius, Regesten zur Gesckickte der Juden im fränkischen und deutschen Reiche bis zum Jahre 1273 (Berlin, 1902).
  5. À la différence des chrétiens, les juifs d’Espagne restaient