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étaient soumis de présenter leurs enfants au baptême, doit en avoir fait de très bonne heure émigrer un grand nombre au-delà des Pyrénées, et leur importance commerciale a été sans cesse en déclinant au cours du ixe siècle. Quant à celle des Syriens, jadis si considérable, il n’en est plus question à cette époque[1].

On est donc forcé de conclure que le commerce des temps carolingiens se réduit à bien peu de chose. Monopolisé presque tout entier aux mains de Juifs étrangers après la disparition de Quentovic et de Duurstede, il ne consiste plus que dans le transport de quelques tonneaux de vin ou de sel, dans le trafic prohibé des esclaves, et enfin dans le colportage de produits de luxe venus de l’Orient.

D’une activité commerciale régulière et normale, d’une circulation constante et organisée, d’une classe de marchands professionnels, de leur établissement dans les villes, bref de tout ce qui constitue l’essence même d’une économie d’échange digne de ce nom, on ne trouve plus de traces depuis la fermeture de la Méditerranée par l’invasion islamique. Le grand nombre de marchés (mercata, mercatus) que l’on relève au ixe siècle ne contredit en rien cette affirmation[2]. Ils ne sont, en effet,

    en rapports avec l’Orient grâce à la navigation musulmane. Voy. des textes significatifs sur leur commerce d’étoffes grecques et orientales dans C. Sanchez-Albornoz, Estampas de la vida en Leon durante et siglo X, p. 17 et suiv., dans Discursos leidos ante la real Academia de la Historia (Madrid, 1926).

  1. L’ingénieuse démonstration de M. J. W. Thompson pour prouver le contraire, dans son travail cité plus haut p. 32 n. 3, soulève des difficultés philologiques qui empêchent de l’admettre. L’origine grecque du mot Cappi, sur laquelle elle se fonde, ne peut être acceptée.
  2. K. Rathgen, Die Entstehung der Märkte in Deutschland, p. 9 (Darmstadt, 1881).