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CHAPITRE III

LES CITÉS ET LES BOURGS

Des villes ont-elles existé au milieu de la civilisation à base essentiellement agricole qui est devenue celle de l’Europe Occidentale au cours du ixe siècle ? La réponse à cette question dépend du sens que l’on donne au mot ville. Si l’on appelle ainsi une localité dont la population, au lieu de vivre du travail de la terre, se consacre à l’exercice du commerce et de l’industrie, il faudra répondre non. Il en sera encore de même si l’on entend par ville une communauté douée de la personnalité juridique et jouissant d’un droit et d’institutions qui lui appartiennent en propre. Au contraire, si l’on envisage la ville comme un centre d’administration et comme une forteresse, on se persuadera sans peine que la période carolingienne a connu, à peu de chose près, autant de villes qu’en devaient connaître les siècles qui l’ont suivie. Cela revient à dire que les villes qui s’y rencontrent furent privées de deux des attributs fondamentaux des villes du Moyen Âge et des temps modernes, une population bourgeoise et une organisation municipale.

Si primitive qu’elle soit, toute société sédentaire éprouve le besoin de fournir à ses membres des centres de réunion, ou, si l’on veut, des lieux de rendez-vous. La célébration du culte, la tenue des marchés, les assemblées politiques et judiciaires imposent nécessairement la désignation d’endroits