Page:Pirenne - Les Villes du Moyen Âge, 1927.djvu/56

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destinés à recevoir les hommes qui veulent ou qui doivent y participer.

Les nécessités militaires agissent plus fortement encore dans ce sens. En cas d’invasion, il faut que le peuple dispose de refuges où il trouvera une sauvegarde momentanée contre l’ennemi. La guerre est aussi ancienne que l’humanité, et la construction de forteresses presque aussi ancienne que la guerre. Les premiers bâtiments construits pour l’homme paraissent bien avoir été des enceintes de protection. Il n’est guère de tribus barbares où l’on n’en rencontre de nos jours, et, si loin que l’on remonte dans le passé, le spectacle reste le même. Les acropoles des Grecs, les oppida des Étrusques, des Latins, des Gaulois, les burgen des Germains, les gorods des Slaves n’ont été au début, comme les Krals des nègres de l’Afrique du Sud, que des lieux d’assemblée mais surtout que des abris. Leur plan et leur construction dépendent naturellement de la configuration du sol et des matériaux qu’il fournit. Mais le dispositif général en est partout le même. Il consiste en un espace de forme carrée ou circulaire, entouré de remparts faits de troncs d’arbres, de terre ou de blocs de roches, protégés par un fossé et percés de portes. Bref, c’est un enclos. Et nous noterons tout de suite que les mots qui dans l’anglais moderne (town) ou dans le russe moderne (gorod) désignent une ville, ont primitivement désigné un enclos.

En temps ordinaire, ces enclos restaient vides. La population n’y affluait qu’à l’occasion de cérémonies religieuses ou civiles ou lorsque la guerre la contraignait à s’y réfugier avec ses troupeaux. Mais les progrès de la civilisation transformèrent peu à