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peu leur animation intermittente en une animation continue. Des temples s’y élevèrent ; les magistrats ou les chefs du peuple y établirent leur résidence ; des commerçants et des artisans vinrent s’y fixer. Ce qui n’avait été tout d’abord qu’un centre occasionnel de rassemblement devint une cité, centre administratif, religieux, politique et économique de tout le territoire de la tribu, dont le plus souvent elle prit le nom.

Cela explique comment, dans quantité de sociétés et particulièrement dans l’antiquité classique, la vie politique des cités ne se restreignait pas à l’enceinte de leurs murailles. La cité, en effet, avait été construite pour la tribu, et tous les hommes de celle-ci, qu’ils habitassent au dedans ou au dehors des murs, en étaient également citoyens. Ni la Grèce, ni Rome n’ont connu rien d’analogue à la bourgeoisie strictement locale et particulariste du Moyen Âge. La vie urbaine s’y confondait avec la vie nationale. Le droit de la cité était, comme la religion même de la cité, commun à tout le peuple dont elle était la capitale et qui constituait avec elle une seule et même république.

Le système municipal s’identifie donc dans l’Antiquité avec le système constitutionnel. Et lorsque Rome eut étendu sa domination à tout le monde méditerranéen, elle en fit la base du système administratif de son Empire. Ce système survécut dans l’Europe Occidentale aux invasions germaniques[1]. On en retrouve incontestablement les traces en Gaule, en Espagne, en Afrique, en Italie bien longtemps après le ve siècle. Peu à peu cependant, la décadence de l’organisation sociale en

  1. Voy. plus haut chapitre I.