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Page:Pirenne - Les Villes du Moyen Âge, 1927.djvu/58

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fit disparaître la plupart des traits. On ne trouve plus, au viiie siècle, ni les Decuriones ni les Gesta municipalia, ni le Defensor civitatis. En même temps, la poussée de l’Islam dans la Méditerranée, rendant impossible le commerce qui jusqu’alors avait encore entretenu quelque activité dans les villes, les condamne à une irrémédiable déchéance. Mais il ne les condamne pas à la mort. Si diminuées, si anémiées qu’elles soient, elles subsistent. Dans la société agricole de ce temps, elles conservent malgré tout une importance primordiale. Il est indispensable de se bien rendre compte du rôle qu’elles y ont joué, si l’on veut comprendre celui qui leur sera dévolu plus tard.

On a déjà vu que l’Église avait établi ses circonscriptions diocésaines sur les circonscriptions des cités romaines. Respectée par les barbares, elle continua ainsi à maintenir après leur établissement dans les provinces de l’Empire, le système municipal sur lequel elle s’était fondée. La cessation du commerce, l’exode des marchands n’eurent aucune influence sur l’organisation ecclésiastique. Les villes où habitaient les évêques devinrent plus pauvres et moins peuplées sans que les évêques eux-mêmes s’en ressentissent. Au contraire, plus déclina la richesse générale, plus leur force et leur influence allèrent en s’affirmant. Entourés d’un prestige d’autant plus grand que celui de l’État avait disparu, comblés de donations par les fidèles, associés par les Carolingiens au gouvernement de la société, ils s’imposèrent à la fois par leur autorité morale, leur puissance économique et leur action politique.

Lorsque l’Empire de Charlemagne s’effondra, leur situation, loin d’en souffrir, s’affermit encore.