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autour d’elle, des moines des monastères qui vinrent se fixer, parfois en nombre considérable, au siège du diocèse, des maîtres et des étudiants des écoles ecclésiastiques, des serviteurs enfin et des artisans, libres ou non libres, qui étaient indispensables aux besoins du culte et à ceux de l’existence journalière de l’agglomération cléricale.

Presque toujours, on rencontrait dans la cité un marché hebdomadaire où les paysans des environs apportaient leurs denrées ; parfois même il s’y tenait une foire annuelle (annalis mercatus). Aux portes, se percevait le tonlieu sur tout ce qui entrait ou sortait. Un atelier monétaire fonctionnait à l’intérieur des murs. On y rencontrait aussi quelques tours habitées par des vassaux de l’évêque, par son avoué ou par son châtelain. Il faut enfin ajouter à tout cela les granges et les magasins où venaient s’amasser les récoltes des domaines épiscopaux et monastiques, charriées, à époques fixes, par les tenanciers de l’extérieur. Aux grandes fêtes de l’année les fidèles du diocèse affluaient dans la cité et l’animaient durant quelques jours d’un bruit et d’un mouvement inaccoutumés[1].

Tout ce petit monde reconnaissait également dans l’évêque son chef spirituel et son chef temporel. L’autorité religieuse et l’autorité séculière s’unissaient, ou pour mieux dire, se confondaient dans sa

  1. Les cités du ixe et du xe siècle n’ont pas encore été suffisamment étudiées. Ce que j’en dis ici et plus bas est emprunté à divers passages des capitulaires ainsi qu’à certains textes épars dans des chroniques et des vies de saints. Pour les cités de l’Allemagne, naturellement beaucoup moins nombreuses et moins importantes que celles de la Gaule, il faut consulter l’intéressant travail de S. Rietschel Die civitas auf deutschem Baden bis zum Ausgange der Karolingerzeit (Leipzig, 1894).