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Un régime théocratique avait complètement remplacé le régime municipal de l’antiquité. La population était gouvernée par son évêque et elle ne revendiquait pas plus qu’elle ne possédait la moindre participation à ce gouvernement. Il arrivait bien parfois qu’une émeute éclatât dans la cité. Des évêques furent assaillis dans leur palais et même parfois obligés de fuir. Mais il est impossible d’apercevoir dans ces soulèvements la moindre trace d’esprit municipal. Ils s’expliquent par des intrigues ou des rivalités personnelles. Ce serait une erreur absolue que de les considérer comme les précurseurs du mouvement communal du xie et du xiie siècle. Au surplus, ils furent très rares. Tout indique que l’administration épiscopale fut, en général, bienfaisante et populaire.

Nous avons déjà dit que cette administration ne se confinait pas à l’intérieur de la ville. Elle s’étendait à tout l’évêché. La cité en était le siège, mais le diocèse en était l’objet. La population urbaine n’y jouissait nullement d’une situation privilégiée. Le régime sous lequel elle vivait était le régime du droit commun. Les chevaliers, les serfs, les hommes libres qu’elle renfermait ne se distinguaient de leurs congénères de l’extérieur que par km agglomération en lin même endroit. Du droit spécial et de l’autonomie dont devaient jouir les bourgeoisies du Moyen Âge, on ne distingue encore aucune trace. Le mot civis par lequel les textes du temps désignent l’habitant de la cité n’est qu’une simple appellation topographique ; il n’a pas de signification juridique[1].

En même temps qu’elles étaient des résidences

  1. Rietschel, Die Civitas, p. 93.