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épiscopales, les cités étaient des forteresses. Pendant les derniers temps de l’Empire Romain, il avait fallu les entourer de murailles afin de les mettre à l’abri des barbares. Ces murailles subsistaient encore presque partout, et les évêques s’occupèrent de les entretenir ou de les restaurer avec d’autant plus de zèle que les incursions des Sarrasins et des Normands firent éprouver durant le ixe siècle, d’une façon de plus en plus pressante, le besoin de protection. La vieille enceinte romaine continua donc de protéger les cités contre de nouveaux périls.

Leur plan resta sous Charlemagne ce qu’il avait été sous Constantin. En règle générale, il affectait la forme d’un rectangle entouré de remparts flanqués de tours et communiquant avec l’extérieur par des portes habituellement au nombre de quatre. L’espace ainsi clôturé était très restreint : la longueur de ses côtés ne dépassait que rarement 4 à 500 mètres[1]. Il s’en fallait d’ailleurs de beaucoup qu’il fût entièrement bâti ; on y rencontrait entre les maisons des champs cultivés et des jardins. Quant aux faubourgs (suburbia) qui a l’époque mérovingienne s’étendaient encore en dehors des murailles, ils avaient disparu[2]. Grâce à leurs défenses, les cités purent presque toujours résister victorieusement aux assauts des envahisseurs du Nord et du Midi. Il suffira de rappeler ici le siège fameux de Paris par les Normands en 885.

Les villes épiscopales servaient naturellement de refuge aux populations de leurs alentours. Des

  1. A. Blanchet, Les enceintes romaines de la Gaule (Paris, 1907).
  2. L. Halphen, Paris sous les premiers Capétiens, p. 5 (Paris, 1909)·