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romains reprennent une vie nouvelle et bien plus exubérante que celle qui les animait dans l’Antiquité. Bientôt, leur activité surabondante cherche à se répandre au dehors. Au Sud, elle gagne la Toscane ; au Nord, elle se fraye des voies nouvelles à travers les Alpes. Par les passes du Splügen, du Saint-Bernard et du Brenner, elle apporte au continent européen cette excitation bienfaisante qui lui est venue de la mer[1]. Elle suit les routes naturelles que marque le cours des fleuves, à l’Est le Danube, au Nord le Rhin, à l’ouest le Rhône. Dès 1074, des marchands Italiens, incontestablement des Lombards, sont mentionnés à Paris[2] ; et dès le commencement du xiie siècle, les foires de Flandre attiraient déjà un nombre considérable de leurs compatriotes[3].

Rien de plus naturel que cette apparition des hommes du Midi sur la côte flamande. Elle est une conséquence de l’attraction que le commerce exerce spontanément sur le commerce. Nous avons déjà constaté que, durant l’époque carolingienne, les Pays-Bas avaient manifesté une vitalité commerciale que l’on ne rencontrait alors nulle part ailleurs[4]. Elle s’explique aisément par le grand nombre des fleuves qui les parcourent et qui viennent y unir leurs eaux avant de se jeter dans la mer : le Rhin, la Meuse et l’Escaut. L’Angleterre et les régions scandinaves étaient trop peu éloignées de ce pays de larges et profonds

  1. A. Schulte, Geschichte der Handelsbeziehungen zwischen Westdeutschland und Italien, t. I, p. 80.
  2. A. Schaube, op. cit., p. 90.
  3. Galbert de Bruges, Histoire du meurtre de Charles le Bon, éd. H. Pirenne, p. 28 (Paris, 1891).
  4. Voy. plus haut p. 33.