Page:Pirenne - Les Villes du Moyen Âge, 1927.djvu/89

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joué au Sud de l’Europe. Comme elle, ils ont rétabli le contact entre l’Orient et l’Occident. Et de même que le commerce vénitien n’a pas tardé à entraîner dans son mouvement la Lombardie, de même la navigation scandinave a suscité l’éveil économique de la côte de Flandre.

La situation géographique de la Flandre la disposait merveilleusement, en effet, à devenir l’étape occidentale du commerce des mers du Nord. Elle forme le terme naturel de la course des bateaux qui arrivent de l’Angleterre ou qui, ayant franchi le Sund au sortir de la Baltique, se dirigent vers le Midi. Déjà, nous l’avons dit, les ports de Quentovic et de Duurstede avaient été fréquentés par les Normands avant l’époque de leurs invasions. Ils disparurent l’un et l’autre durant la tourmente. Quentovic ne se releva pas de ses ruines et ce fut Bruges, dont l’emplacement au fond du golfe du Zwin était préférable, qui recueillit sa succession. Quant à Duurstede, les marins scandinaves y reparurent dès le commencement du xe siècle. Toutefois, sa prospérité se ne maintint pas très longtemps. À mesure que le commerce grandit, il se concentra de plus en plus vers Bruges, plus rapproché de la France et où les comtes de Flandre maintenaient une sécurité dont ne jouissait pas la région de Duurstede. Quoi qu’il en soit, d’ailleurs, il est certain que Bruges attira de plus en plus vers son port le commerce septentrional et que la disparition de Duurstede, dans le courant du xie siècle, assura définitivement son avenir. Le fait que des monnaies des comtes de Flandre Arnould II et Baudouin IV (965-1035) ont été découvertes en nombre considérable en