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Danemark, en Prusse, et jusqu’en Russie, atteste, faute de renseignements littéraires, les relations que la Flandre entretenait dès lors avec ces pays par les marins scandinaves[1]. Les rapports avec la côte anglaise qui leur fait face devaient être plus actifs encore. Nous savons que c’est à Bruges que se réfugia vers 1030 la reine anglo-saxonne Emma. Dès 991-1002, le tarif du tonlieu de Londres mentionne les Flamands au premier rang des étrangers qui négocient dans la ville[2].

Il faut signaler parmi les causes de l’importance commerciale qui caractérisa la Flandre de si bonne heure, l’existence dans ce pays d’une industrie indigène propre à fournir aux vaisseaux qui y abordaient, un précieux fret de retour. Dès l’époque romaine et probablement déjà avant celle-ci, les Morins et les Ménapiens confectionnaient des étoffes de laine. Cette industrie primitive dut se perfectionner sous l’influence des progrès techniques introduits par la conquête romaine. La finesse particulière de la toison des moutons élevés dans les prairies humides de la côte, acheva d’assurer son succès. On sait que les saies (sagae) et les manteaux (birri) qu’elle produisait étaient exportés jusqu’au delà des Alpes, et qu’il y eut à Tournai, à la fin de l’Empire, une fabrique d’habillements militaires. L’invasion germanique ne mit pas fin à cette industrie. Les Francs qui envahirent la Flandre au ve siècle, continuèrent à la pratiquer comme l’avaient fait avant eux les anciens habitants. Il n’est pas douteux que les tissus frisons dont parle

  1. Engel et Serrure, Manuel de Numismatique du Moyen Âge, t. II, p. 505.
  2. Lieberman, Gesetze der Angelsachsen, t. I, p. 233.