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tinent ce pays qui avait gravité jusqu’alors dans l’orbite du Danemark, multiplia les rapports que Bruges entretenait déjà avec Londres. À côté de Bruges, d’autres places marchandes apparaissent, Gand, Ypres, Lille, Douai, Arras, Tournai. Des foires sont établies par les comtes à Thourout, à Messines, à Lille et à Ypres.

La Flandre d’ailleurs n’a pas été seule à éprouver les effets salutaires de la navigation du Nord. La répercussion s’en fait sentir le long de tous les fleuves qui aboutissent dans les Pays-Bas. Cambrai et Valenciennes sur l’Escaut, Liége, Huy, Dinant sur la Meuse sont déjà mentionnés au xie siècle comme des centres de commerce. Il en est de même sur le Rhin de Cologne et de Mayence. Les côtes de la Manche et de l’Atlantique, plus éloignées du foyer d’activité de la Mer du Nord, ne présentent pas la même importance. On ne voit guère à y mentionner que Rouen, naturellement en rapports avec l’Angleterre, et plus au Sud, Bordeaux ainsi que Bayonne dont le développement est plus tardif. Quant à l’intérieur de la France et de l’Allemagne, ils ne s’ébranlent que très lentement sous la pénétration économique qui peu à peu s’y propage, soit en montant de l’Italie, soit en descendant des Pays-Bas.

C’est au xiie siècle seulement que celle-ci, gagnant de proche en proche, transforme définitivement l’Europe Occidentale. Elle l’affranchit de l’immobilité traditionnelle à quoi la condamnait une organisation sociale dépendant uniquement des rapports de l’homme avec la terre. Le commerce et l’industrie ne se font pas seulement place à côté de l’agriculture, ils réagissent sur elle. Ses produits