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Page:Piron - Poésies badines et facétieuses, 1800.djvu/68

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LE BUCHERON.


Un bûcheron fendait du bois.
Ne se donnant point de relâche,
Et faisant : han ! à chaque fois
Qu’il donnait un grand coup de hache :
Sa femme craignant quelq’entorse :
« À quoi ce han ! si souvent ? »
— Ce han ! — dit-il, — accroît la force,
Et le coup entre plus avant. »
La nuit, le bonhomme joyeux,
Et voulant rire avec sa femme ;
— « Mon mari, — dit la bonne dame,
« Faites han ! il entrera mieux. »
« Oh non ! — lui dit-il, sans attendre, —
« Ce serait han ! et temps perdu ;
« Mon dessein n’est pas de le fendre,
« Il n’est déjà que trop fendu. »


LE PREMIER COUP DE VÊPRES.

CONTE.

Un cordelier exploitait gente nonne,
Qui paraissait du cas se soucier ;
Presto ! presto ! — disait le cordelier,
Haut le gigot, le coup de vêpres sonne.
« Ne vous troublez, — lui repartit la bonne.
« Ami, ce n’est encor que le premier. »