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Page:Piron - Poésies badines et facétieuses, 1800.djvu/71

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Pour vos attraits, oublierai tous vos droits :
Et vous verrez, reine, que quelquefois
Un froid respect vaut bien moins qu’un outrage.
Mais pour l’amour, ouvrir les deux battants,
Le promener, suivi d’une brigade,
Sous les lambris de vingt appartements ;
Le recevoir sur un lit de parade,
Beau lit d’honneur, fastueux ornement ;
Superbe dais, magnifique retraite.
Où l’on s’endort, où l’on donne en bâillant,
À sa Grandeur un baiser d’étiquette…
C’est un enfant que le dieu de Paphos ;
Il veut voler sans esclave et sans maître ;
Il veut souvent entrer par la fenêtre ;
Quelquefois même, il y veut des barreaux
Le bruit l’effraye et le fait disparaître ;
L’obstacle seul irrite ses désirs ;
Pour le détruire, il sait le faire naître :
S’il est tranquille, il n’a plus de plaisirs…

C’est chez toi seule, ô ma belle Glycère,
Que cet enfant prodigue mon bonheur ;
Tu sais tromper, mais aussi tu sais plaire.
Il faut tromper dans l’amoureux mystère,
Puisque l’amour est lui-même un trompeur.
Que tu lui dois, friponne, de guirlandes,
Pour tous les biens dont il sut te parer !
Et ce n’est pas toujours par les offrandes
De tes bouquets que tu dois l’honorer ;
Il te doua, pour soutenir sa gloire,
De deux grands yeux, tant soit peu libertins ;
Il t’eût fait tort de plus d’une victoire,