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Page:Piron - Poésies badines et facétieuses, 1800.djvu/72

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S’il t’en avait donné de moins coquins.
Il te fit belle, et qui plus est, jolie ;
Il prit plaisir à former les contours
De ce beau sein que tu caches toujours,
Pour qu’à le voir toujours on s’étudie.
N’oubliant rien, il t’apprit à rougir,
Même à pleurer : il unit dans Glycère.
Pour tout charmer, pour tout assujettir,
L’air de Laïs aux traits d’une bergère ;
Glycère a tout, pour donner du plaisir…
Le souvenir de tes seules caresses
Fait plus sur moi que la réalité
Des grands baisers, des royales tendresses,
Dont m’ennuiera dans peu, Sa Majesté.
Hélas ! ici la pourpre m’environne,
Je suis chargé de dorure et d’ennuis ;
De beaux œillets par toi-même cueillis
Formaient chez toi, mon dais et ma couronne ;
Nous n’avions point de superbes habits ;
Le goût faisait notre magnificence ;
Mais nous avions, Glycère, en récompense,
De bien beaux jours et de plus belles nuits !
L’amour jamais n’exigea de parure :
Jamais l’amour ne consulte un miroir ;
Ses blonds cheveux flottent a l’aventure ;
L’or n’est point fait pour orner un boudoir.

Je n’aime point ce superbe étalage ;
Tous ces réseaux, ennemis du désir,
Toujours armés, contre la main volage
Qui veut errer dans le champ du plaisir ;
La volupté s’en indigne et murmure.