Page:Pitzipios-Bey - L’Orient, les réformes de l’Empire byzantin, 1858.djvu/11

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— III —

pêcher de rien voir par vous-même, et, sous un vain prétexte d’étiquette, l’on vous interdit toute relation directe avec ceux qu’il vous importerait le plus de laisser approcher de Votre Majesté.

Confiné dans votre prison dorée, n’en sortant que pour les courses d’apparat, ne voyant par conséquent jamais que des serviteurs intéressés à vous présenter sous un faux jour ce que leur triste habileté, la seule peut-être qu’ils aient, ne peut entièrement vous cacher, vous ne pouvez trouver un remède efficace contre un mal que vous ne pouvez connaître que superficiellement.

À cette première cause, qui vous enlève cette liberté d’action qui vous est nécessaire pour mener à bonne fin l’œuvre de régénération de l’empire byzantin, vient s’en joindre une seconde, qu’une expérience de dix-huit années a dû révéler à Votre Majesté ; cette cause, il est facile de la voir dans ce mauvais vouloir calculé de vos conseillers, qui, s’ils paraissent exécuter vos ordres, ne font jamais que ce que leurs intérêts leur dictent.

Comment en effet Votre Majesté pourrait-elle se flatter d’obtenir le concours sincère d’individus gorgés de richesses acquises sous un régime qu’il s’agit de changer, et qui ne peuvent espérer la continuité de leurs bénéfices scandaleux que du maintien des abus par les quels ils les ont obtenus ? Ne leur faudrait-il pas une vertu surhumaine pour se prêter de bonne foi à un re-