Page:Planck - Initiations à la physique, trad. du Plessis de Grenédan, 1941.djvu/198

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sique et concerner aussi le domaine de la physiologie et même celui de la psychologie. Cependant, même de ce côté, il n’y a pas de difficulté insurmontable.

On peut, en effet, supposer que les organes des sens humains sont toujours remplacés par des instruments de mesures physiques appropriés agissant comme des enregistreurs automatiques(un exemple dans cet ordre d’idée est celui de la plaque photographique), le rôle de ces instruments étant de retenir les impressions qui leur viennent du milieu ambiant et de rendre ainsi témoignage des phénomènes qui s’y passent. Si nous comprenons tous ces instruments dans le système physique considéré, en écartant toutes les autres influences, nous formons un système clos dont nous pouvons savoir quelque chose par des mesures, à condition toutefois, de prendre en considération la structure des instruments qu’on y comprend et les réactions qu’ils exercent sur les phénomènes à mesurer.

Si nous possédions un instrument de mesure qui réagisse sur une onde matérielle de la même manière qu’un résonateur acoustique réagit sur une onde sonore, nous pourrions mesurer les ondes matérielles isolément et, par là même, analyser tout le phénomène ondulatoire ; mais tel n’est pas le cas. Les données des instruments de mesure, par exemple le noircissement de la plaque photographique, ne nous permettent de tirer aucune conclusion précise sur le détail du phénomène ; mais ce n’est pas une raison pour que les ondes matérielles soient indéterminées. L’indéterminisme pourrait, il est vrai, s’appuyer sur un autre fait. Selon la mécanique ondulatoire, les phénomènes qui se passent dans un système soustrait aux influences extérieures ne sont aucunement déterminés par l’état initial, c’est-à-dire par l’impulsion et par la configuration initiales ; car le paquet d’ondes qui correspond à l’état initial se dissoudra, en général, avec le temps en ses ondes de probabilité composantes. Cependant, à y regarder de plus près, on s’aperçoit que, dans ce cas, l’indéterminisme ne provient que de la façon dont le problème est posé, car cette manière de parler est empruntée à la mécanique corpusculaire dans laquelle, en effet, le phénomène est déterminé à chaque instant par l’état initial ; elle ne