Page:Planck - Initiations à la physique, trad. du Plessis de Grenédan, 1941.djvu/83

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qu’aucun œil humain ne l’eût aperçue.) Les réussites ne s’arrêtèrent pas là, en progressant dans la même voie Epstein arriva à donner une explication pleinement satisfaisante de l’effet Stark (dédoublement électrique des raies spectrales[1]). Debye donna aussi une explication simple de la série K du spectre de Röntgen qui avait été étudiée par Manne Siegbahn[2] et je passe sous silence un grand nombre d’autres travaux qui ont toujours eu pour résultat d’élucider plus ou moins les mystères de la structure atomique.

Quelle conclusion, le juge impartial qui ne veut pas se borner à un simple enregistrement des faits, doit-il tirer d’un pareil ensemble de résultats dont l’exposé complet aurait nécessité la citation d’un grand nombre de noms devenus aujourd’hui célèbres ? Je n’en vois pas d’autre que celle-ci ; le quantum d’action que l’on voit reparaître toujours avec la même valeur (6,54.10−27 ergs-seconde[3]) à propos des phénomènes les plus divers, est une grandeur qui a conquis pleinement le droit de cité parmi les constantes universelles et il est assez curieux de constater qu’au moment où l’idée de relativité se répand et connaît un succès vraiment triomphal, la nature révèle l’existence d’un absolu là où l’on s’y serait le moins attendu. Cet absolu est une unité de mesure effectivement invariable au moyen de laquelle on peut exprimer par un nombre, sans faire appel à aucune convention, la grandeur de l’action contenue dans un élément spatio-temporel donné ; ce qui donne à cette grandeur un caractère dont elle était complètement dépourvue auparavant.

L’introduction du quantum d’action en physique ne doit pas, il est vrai, être prise pour une véritable théorie des quanta. On peut même soutenir que nous sommes aussi éloignés de l’établissement de cette théorie qu’on l’était de posséder la théorie optique de Maxwell à l’époque où Römer découvrait la non-instantanéité de la propagation de la lumière et en mesurait la vitesse. J’ai fait tout à l’heure allusion aux difficultés soulevées par l’introduction du quantum d’action dans la théorie classique ; avec les années ces difficultés se sont plutôt accrues qu’amoindries. Dans son élan impétueux, le flot de la recherche scientifique a certes, entre-temps, rencontré quelques-unes de

  1. P. Epstein : Ann. d. Physik, vol. 50, p. 480 (1916).
  2. P. Debye : Phys. Ztschr., vol. 18, p. 276 (1918).
  3. E. Wagner : Ann. d. Physik, vol. 67 (1918) ; R. Ladenburg : Jahrb. d. Radioaktivität u. Eleletronik, vol. 17, p. 144 (1920).