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CHAPITRE PREMIER

L’UNITÉ DE LA CONCEPTION DE L’UNIVERS EN PHYSIQUE

I

Depuis qu’il existe une science de la nature, on lui a toujours assigné comme fin supérieure de grouper en une synthèse systématique la prodigieuse diversité des phénomènes physiques et même, si possible, de la condenser en une seule formule. Pour parvenir à ce résultat on a toujours eu recours à deux méthodes opposées. Ces deux méthodes se sont souvent trouvées en lutte, mais il est arrivé aussi qu’elles se soient corrigées mutuellement, chacune contribuant à la fécondité de l’autre, ce qui s’est produit surtout quand elles se sont trouvées réunies dans l’esprit d’un même savant qui les a successivement appliquées à un objet commun.

La première méthode, dirai-je la plus juvénile ?, consiste en une généralisation rapide de quelques données expérimentales, elle se lance hardiment dans les théories les plus générales, applicables à tout l’ensemble des phénomènes et elle met au centre de ses conceptions une notion, un postulat unique, auquel elle essaye, avec plus ou moins de succès, de soumettre la nature entière et tout ce qui s’y manifeste. Ainsi l’eau, pour Thalès de Milet, l’énergie pour Wilhelm Ostwald sont le pivot central de leur conception de l’univers. Pour Hertz, le principe de la trajectoire la plus courte sera le lien qui unit entre eux tous les phénomènes physiques et ce qui en donne l’explication ultime.

La seconde méthode est plus circonspecte, plus modeste et plus sûre ; mais elle est loin de posséder le dynamisme de la première ; c’est pourquoi on ne l’a prise en consi-