Page:Platon - Œuvres, trad. Cousin, III et IV.djvu/114

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

vaincre par le manger, le boire, les plaisirs de l’amour, toutes choses agréables, et vous faites des actions mauvaises, quoique vous les connaissiez pour telles. Ils en conviendraient ; et si nous leur demandions encore, toi et moi : Par quel endroit dites-vous qu’elles sont mauvaises ? [353d] Est-ce parce qu’elles vous causent ce sentiment de plaisir momentané, et qu’elles sont agréables, ou parce qu’elles vous exposent pour la suite à des maladies, à l’indigence et à beaucoup d’autres maux semblables ? Et si elles n’étaient sujettes à aucune suite fâcheuse, et qu’elles ne vous procurassent que du plaisir, les regarderiez-vous encore comme des maux, lorsqu’elles ne vous donneraient que du plaisir, de toute manière et en toute occasion ? Quelle autre réponse, Protagoras, pensons-nous qu’ils nous feraient, sinon qu’elles ne sont pas mauvaises à cause du sentiment agréable qu’elles excitent en eux au moment de la jouissance, mais à cause des maladies [353e] et des autres maux qu’elles traînent à leur suite ?

Je pense, dit Protagoras, que la plupart répondraient ainsi.

Mais en causant des maladies, elles causent de la douleur ; elles en causent pareillement en engendrant la pauvreté. Ils en conviendraient, ce me semble.